Faut-il limiter sa consommation de vin dans le cadre d’une alimentation faible en sucres ? Est-ce que le vin contient du sucre ? Fait-il grossir ? Je vous dis tout pour que vous puissiez siroter votre Jurançon sans prise de tête !
Le vin, boisson zéro sucre (ou presque)
Le sucre résiduel
Ouf ! Le vin contient en général une quantité minimale de sucre (fructose). En effet, le fructose du raisin fermente justement pour se transformer en alcool. Plus le raisin donne de l’alcool, plus le produit fini est faible en sucre.
Le vin est un bon choix d’alcool dans le cadre d’une alimentation faible en sucres.
La quantité de sucre qui reste, le sucre résiduel, varie selon le cépage et le mûrissement du raisin. Ce sont eux qui déterminent la concentration en sucre avant la fermentation. Ensuite, la procédure de fermentation joue un rôle majeur. En particulier le temps de fermentation, la force des levures qui transforment le sucre en éthanol, la température de la fermentation, l’intensité du milieu alcoolique.
En moyenne, le vin rouge contient moins de fructose résiduel que le vin blanc.
Vin sec contre vin moelleux
Mais attention : il y a différents types de vins en fonction de leur concentration en sucre résiduel. Le sec, demi-sec, moelleux, doux et liquoreux. Leur teneur en sucre résiduel est croissante du sec au liquoreux : sec < demi-sec < moelleux < doux < liquoreux.
Vin sec, le non sucré
On qualifie un vin de sucré généralement à partir des cuvés demi-secs. Ainsi, le consensus pour un vin non sucré est de le choisir sec, qu’il soit rouge ou blanc. Un vin sec de bonne qualité (vin de pays, vin d’AOC ou équivalent) contient de très faibles quantités de sucre résiduel : moins de 4 grammes par litre. Les vins secs de table à bas prix contiennent en général 3 à 10 g de sucres résiduels par litre. Et les vins rouges contiennent moins de sucre que les vins blancs.
Les vins secs ne contiennent quasiment pas de sucre.
A noter qu’un vin ayant très peu de sucre résiduel mais beaucoup d’alcool peut sembler relativement doux car l’alcool apporte une sensation de rondeur.
Teneur en sucre des vins sucrés
Même si les règles précises varient un peu en fonction du pays, de la région et du type précis du vin, les œnologues s’accordent autour des valeurs suivantes en sucre résiduel pour les différents types de vin :
Vin sec = moins de 4 g/litre ;
Demi-sec = entre 4 et 18 g/litre ;
Moelleux = entre 12 et 45 g/litre ;
Doux/liquoreux = plus de 45 g (et souvent bien plus car certains peuvent contenir 200 g de sucre par litre).
Si vous souhaitez limiter votre consommation de sucre, préférez les vins secs ou demi-secs de bonne qualité aux vins moelleux. Évitez les vins liquoreux de dessert.
En plus, lorsque les vins sont sucrés, les gens ont tendance à en boire plus et donc à être saouls plus vite sans s’en rendre compte.
Le cas du champagne
Comme pour les vins secs, on ne peut pas toujours se contenter de sa propre perception pour déceler les vins les plus sucrés. En effet, la forte acidité de certains vins peut masquer l’intensité de leur goût sucré.
Ainsi, certains vins comme les champagnes ont leur propre échelle de dénominations. Un champagne “sec” contient entre 12 et 32 grammes de sucre par litre. Pourquoi ? Parce que les champagnes sont des vins qui renferment beaucoup d’acidité et que l’acidité atténue le goût sucré. Donc il faut plus de sucre pour équilibrer le goût.
C’est le même principe pour les vins de Riesling allemands ou autres vins d’Alsace qui ont besoin de plus de sucre pour contrebalancer l’acidité naturelle du raisin. Eux contiennent souvent 10 à 15 grammes de sucre résiduel, parfois plus.
Le sucre résiduel, un sucre libre
Les jus de fruits contiennent des sucres naturels mais sont assimilés à du sucre libre. Ceci est évident quand le jus est utilisé pour sucrer un autre aliment, mais un peu moins quand on l’ingère par lui-même. Et pourtant : une fois pressé, le sucre du fruit est libéré de sa prison de fibres. Le jus de fruits va alors avoir un effet hyperglycémiant quand on l’ingère. L’impact de ce gros apport de sucre sur la glycémie et le métabolisme le range dans la case des sucres libres à modérer sur la journée.
Un sucre libre est un sucre ajouté à la préparation d’un aliment pour le goût ou la conservation, ou rajouté après coup pour sucrer un plat.
On peut faire exactement le même parallèle avec le vin moelleux. Bien qu’il ne contienne que des sucres naturellement présents dans la vigne, essentiellement du fructose (du raisin) et parfois un peu de glucose, cette quantité de sucre résiduel est un apport de sucre à intégrer dans la recommandation de l’OMS sur les sucres libres. Pour une santé optimale, visez votre consommation de sucres libres à moins de 5% de vos apports caloriques quotidiens (et pas plus de 10%). Soit pour une femme de corpulence normale en bonne santé, moins de 25 g, et pour un homme 39 g.
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Un index glycémique de zéro ?
L’IG dépend du vin
La très faible teneur en glucides des vins secs et demi-secs leur associe un index glycémique de zéro, perpétuant le mythe que le vin n’a aucune influence sur la glycémie.
Pour déterminer l’index glycémique d’un aliment, il faut donner à une population test des produits qui contiennent une fourchette de 25 g à 50 g de glucides. Or dans le cas du vin, le volume à boire nécessaire pour obtenir la dose minimale serait trop important. La mesure de l’index glycémique des alcools est donc très difficile à réaliser.
Un vin sec ou demi-sec, voire moelleux, aura généralement un index glycémique proche de zéro. La teneur en sucre au litre ramenée à un verre, assure une faible charge glycémique même pour des vins plus doux.
On ne peut qu’extrapoler l’IG selon la quantité de sucre résiduel moyenne qu’est sensé contenir un vin. Bien évidemment la teneur en sucre n’est pas une information obligatoire sur les étiquettes des bouteilles, et elle n’apparaît presque jamais…
Néanmoins, l’index glycémique des vins liquoreux peut être élevé.
Quel impact sur la glycémie ?
Consommation modérée : feu vert !
Allez, je confirme la bonne nouvelle. La consommation modérée, même régulière, d’alcool au cours d’un repas ne modifie ni la glycémie ni les besoins en insuline. Y compris pour les sujets diabétiques. Des études parlent au contraire d’effets bénéfiques, du vin rouge en particulier, sur le métabolisme et la sensibilité à l’insuline, qui aideraient dans la prévention du diabète de type 2.
Mais attention, soyons tous d’accord : on parle d’une consommation modérée. Et de préférence, en cours d’un repas.
Qu’est-ce qu’une consommation modérée ? Les experts se mettent d’accord sur un seuil de 2 verres d’une boisson alcoolisée chez la femme et 3 verres chez l’homme.
Si la teneur en alcool d’un verre est de l’ordre de 10 g, alors la consommation maximale acceptable par jour se situe à 30 g d’alcool chez les hommes et 20 g chez les femmes.
Consommation excessive : feu rouge !
Dès que l’on est dans l’excès, la tendance se renverse et les effets sur la glycémie débarquent.
Une consommation excessive et/ou à jeun est bien responsable d’une élévation de la glycémie avec la possibilité d’induire une hypoglycémie paradoxale. Les personnes diabétiques ou pré-diabétiques sont les plus à risque, ainsi que les personnes non diabétiques qui ont déjà une fragilité métabolique.
Chez les diabétiques, l’effet est fourbe : l’hypoglycémie peut subvenir jusqu’à 24 heures plus tard ! Tant qu’il cuve son vin, notre corps ne pourra pas régulariser la glycémie comme il peut le faire normalement.
Essayez de boire votre vin au cours du repas, bien après avoir commencé à manger.
Avec l’alcool, il est facile d’être dans l’excès ! Attention à ne pas multiplier les soirées arrosées dans votre semaine. Outre les risques pour la régulation hormonale, rappelons que : qui dit hypoglycémie… dit fringales de sucré et grignotage.
Vin et cirrhose du foie
Plus inquiétant que la teneur en sucre, l’impact du vin et de l’alcool en général sur le fonctionnement du foie devrait nous inciter tous à la modération. Parmi les complications de l’abus d’alcool, les maladies du foie sont les plus fréquentes car le foie est le principal organe assurant la transformation de l’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées.
S’il parait désormais avéré que le vin rouge a des effets positifs sur la santé cardiovasculaire, les scientifiques insistent sur les seuils à ne pas dépasser si l’on veut profiter de ces effets bénéfiques.
Stéatose, fibrose, cirrhose : ces lésions et nécroses des cellules du foie sont dues en majorité à la consommation d’alcool. La toxicité de l’alcool sur le foie démarre avec des doses qui ne sont pas si élevées que ça ! Le seuil de consommation au-delà duquel le risque pour la santé devient important est de 20 à 40 grammes d’alcool par jour – 2 à 4 verres – chez la femme et de 40 à 60 grammes d’alcool – 4 à 6 verres – par jour chez l’homme. Bref, dès qu’on dépasse notre fameuse “consommation modérée.”
Le foie ne peut traiter qu’un verre d’alcool par heure, alors si vous buvez trop vite, le foie se trouve pris de cours et l’alcool va dans le sang et se disperse dans tout votre corps.
Alors, le vin fait-il grossir ?
Une boisson calorique
Au-delà des IG et de la teneur en sucre, aussi faible soit elle, le vin reste une boisson calorique avec 70 à 80 calories en moyenne pour un volume de 100 ml. Un verre de vin est rempli à environ 150 ml et un demi verre à 80 ml.
Un verre de vin équivaut environ de 85 à 105 calories en moyenne.
Participe au stockage des graisses
Quand on boit, l’organisme utilise en priorité l’apport énergétique venant de l’alcool. Pendant ce temps, il ne va donc pas utiliser ses graisses de réserve comme carburant. En gros : le processus d’amaigrissement est suspendu.
Cet effet est décuplé quand on consomme l’alcool à jeun et en grande quantité. Il est moindre lorsque l’estomac est déjà rempli, particulièrement de protéines et de lipides.
Perte d’inhibition et stimulation de l’appétit
D’après une étude publiée par la revue Health Psychology, la consommation d’alcool diminue la maîtrise de soi et la capacité d’inhibition. Elle nous pousse à craquer et à manger, alors que nous aurions résisté si nous avions été sobres.
De plus, la consommation de vin est liée à la consommation d’aliments caloriques, comme les biscuits apéritifs, les chips ou le saucisson… Qui en plus donnent soif et vont aussi pousser à boire plus d’alcool.
Comme la plupart des aliments densément caloriques, l’alcool stimule l’appétit et en particulier l’envie de glucides. Mais il le fait d’une façon plus perverse. Une étude, publiée dans la revue Nature Communications suggère que l’alcool exerce un effet spécifique sur des cellules du cerveau qui régulent l’appétit.
Chez les rongeurs, l’alcool active un mode “famine” de leur cerveau. Les souris de l’expérience mangent 10 % à 25 % plus de nourriture lorsqu’elles reçoivent de l’alcool.
Quelques conseils préventifs
Dans tous les cas : modérer sa consommation de vin !
Pas à jeun. Rarement au-delà de 2 verres. Jamais de façon systématique pour ne pas tomber dans l’alcolisme.
Pour limiter sa consommation de sucre
- Choisir plutôt un vin sec ou demi-sec
- Essayer de ne pas cumuler dessert pâtissier et vin liquoreux
Pour préserver son poids
- Boire pendant les repas plutôt qu’à l’apéritif
- Eviter les aliments gras et sucrés qui peuvent accompagner l’alcool
Pour préserver sa santé
- Eviter les alcools gazeux qui font monter plus rapidement le taux d’alcool dans le sang
- Boire l’alcool lentement
- Ne jamais boire l’estomac vide
- S’hydrater en buvant de l’eau en plus de sa boisson alcoolisée
- Éviter l’alcool avant, pendant et après une activité physique
Et bien sûr, ne jamais se forcer à boire !
Mieux vaut ne pas commencer si l’on a pas l’habitude de boire ! 🍷
Car quand on s’habitue à son petit verre de rouge au point de ne pas pouvoir s’en passer… quelque chose ne va plus.
Sources :
http://www.allo-medecins.fr/sante/maladie/alcool/medecin-generaliste,pourquoi-certaines-personnes-tiennent-elles-mieux-l-alcool-,2638.html
http://quebec.huffingtonpost.ca/yves-mailloux/combien-de-sucre-prenez-vous-dans-votre-vin_b_6989602.html
https://www.diabete.qc.ca/fr/comprendre-le-diabete/pratique/mises-en-garde/les-boissons
https://www.santemagazine.fr/actualites/pourquoi-lalcool-ouvre-t-il-lappetit-189697
http://www.centre-hepato-biliaire.org/maladies-foie/alcool-et-foie.html
http://www.psychomedia.qc.ca/sante/2017-06-13/alcool-appetit
https://alfredsommelier.com/fr/le-sucre-et-le-vin/
Merci pour cet article très complet et détaillé, qui va être fort utile à nombre de personnes diabétiques et/ou suivant un régime pauvre en sucre !
Merci pour ce commentaire ! 🙂 C’est tout ce que j’espère !
Je ne savais pas du tout que le taux de sucre variait selon le type de vin ! C’est bon à savoir en tou cas !
Bonjour. Des fois il y a du sucre blanc ajouté pendants le fermentation. Savez vous quelles marques le fait ou ne faites pas
Bonjour Natalie ! C’est une excellente question et je n’ai pas du tout cette information ! Le procédé dont tu parles s’appelle la chaptalisation et à pour but d’augmenter le degré d’alcool du vin, surtout quand le raisin n’est pas assez sucré naturellement. A ma connaissance il n’y a aucune étiquette qui en fait mention quand elle est pratiquée, donc aucun moyen de le savoir dans le commerce. Je crois que l’exception ce sont les vins dits naturels. Le principe de faire un vin naturel c’est justement de ne pas utiliser aucun procédé en plus de la fermentation classique. Donc si tu sélectionnes un vin bio naturel tu devrais être plus assurée qu’il n’y a pas eu chaptalisation.
Après, comme avec la fermentation classique, l’ajout de sucre à la fermentation n’est pas sensée décuplée le taux de sucre résiduel dans ton vin puisque le sucre se transforme en alcool. Mais je ne saurais pas t’affirmer complètement que ça l’augmente pas du tout…
A bientôt ! 🙂
Tres bien fait, très bien expliqué. C’est dit en toute logique, avec des explications simples. Bravo!
Merci pour cet article très claire et bien fait !
Merci surtout à toi pour ta lecture ! 🙂